Quinola Mothergrain est née d’une envie d’œuvrer pour un monde plus équitable et plus respectueux des hommes et de l’environnement. Spécialiste des produits à base de quinoa issu du commerce équitable, bio, sans gluten et vegan, cette entreprise redéfinit le modèle économique agroalimentaire. Rencontre avec son fondateur, James Livingstone-Wallace.
Vous avez quitté le monde de la finance pour vous lancer dans le commerce équitable. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?
J’ai travaillé pendant 15 ans dans la gestion de portefeuille. En 2012, alors que sévissait la crise financière mondiale, j’ai saisi l’opportunité de me lancer de nouveaux défis après avoir bénéficié d’un plan de départ volontaire. À presque 40 ans, avec un goût assez prononcé pour l’aventure, j’ai tout quitté pour voyager en famille autour du monde pendant un an. J’avais cependant un objectif en tête, me lancer dans le commerce équitable. Nous avons sillonné l’Amérique du Sud pendant six mois pour trouver le produit idéal à commercialiser. C’est ainsi que nous avons découvert le quinoa au Pérou, un aliment qui possède énormément de qualités nutritives. Nous avons proposé notre projet à des coopératives au sud du pays et les avons accompagnés dans l’obtention du certificat équitable Fairtrade. Depuis maintenant six ans, nous travaillons avec plus de 1 000 petits producteurs de deux coopératives situées près du lac Titicaca.
Vous prônez un nouveau modèle d’entreprise « plus généreux » et respectueux des personnes impliquées d’un bout à l’autre de la chaîne. Par quoi cela se traduit-il ?
Il était important de définir un modèle économique plus coopératif où la préservation de l’environnement et le respect des uns et des autres prônerait sur la seule rentabilité financière. Nous assurons donc un prix minimum à l’achat à nos producteurs de quinoa. Nous connaissons le rendement de chacun d’entre eux et savons qu’en dessous d’un certain tarif, il leur est impossible de vivre décemment ou de continuer à scolariser leurs enfants.
Par ailleurs, nous travaillons aussi avec un établissement d’aide au travail (ESAT) situé au Havre, en Normandie, où une vingtaine de personnes en situation de handicap conditionnent les graines et les flocons de quinoa. C’est une autre façon de soutenir une économie solidaire et de garantir des emplois à des personnes plus vulnérables. L’inclusion est une valeur que nous défendons.
L’une de vos préoccupations est de minimiser votre impact sur l’environnement en réduisant au maximum votre empreinte carbone et plastique. Comment faites-vous ?
25% de l’empreinte carbone des Français est liée à leur alimentation. C’est un fait, l’industrie agroalimentaire pollue et contribue à l’accélération du réchauffement climatique. C’est pourquoi il était important pour nous de faire notre part en encourageant l’agriculture raisonnée et en diminuant au maximum notre empreinte carbone et plastique. Lorsque nous avons développé notre nouvelle gamme de quinoa pour enfant, nous avons étudié son empreinte carbone, du champ au déchet. Résultat, nous avons réussi à la réduire de 75%.
Nous avons également mis en place des programmes pour compenser nos émissions de CO2 et l’utilisation du plastique qui est parfois inévitable. Nous finançons un projet de reforestation à San Martin, au Pérou, mais aussi une association CARPE Inde qui collecte les déchets plastiques sans valeur qui jonchent les rues de Maharashtra. Cette collaboration permet ainsi de garantir un revenu supplémentaire aux travailleurs du secteur des déchets tout en faisant un geste pour l’environnement.
Votre marque est distribuée auprès de nombreux revendeurs en France, au Royaume-Uni, en Irlande ou encore aux États-Unis. Quelle est votre stratégie de distribution ?
Un changement des comportements s’amorce. Les consommateurs sont de plus en plus soucieux de leur alimentation et cherchent à connaitre l’origine des produits qu’ils achètent. Il en est de même pour les grandes marques de distribution qui veulent faire évoluer leur offre et proposer des produits plus sains et plus justes. Comme nous n’avons pas le budget des multinationales, nous essayons de mener des partenariats avec des enseignes qui apprécient nos produits et qui sont sensibles à notre démarche.
L’un de nos objectifs, pour les prochains mois, est d’accélérer notre commercialisation à travers l’Europe continentale. Pour ce faire, nous travaillons désormais avec un distributeur attitré par pays. Ils ont une force de vente commerciale et une connaissance du marché que nous n’avons pas et qui va nous permettre de nous développer beaucoup plus rapidement. Finalement, à travers notre démarche, nous voulons rendre l’acte citoyen plus aisé en proposant des produits à prix justes et faciles à trouver.