C’est une destination unique en France qui a su séduire un nombre croissant de visiteurs. Le ZooParc de Beauval continue de défendre la cause animale en veillant toujours à respecter les principes d’un développement durable. Son PDG, Rodolphe Delord, revient pour Objectif ETI sur le parcours de cette ETI créée en écho d’une passion de sa mère, Françoise.
Les 45 années qui viennent de s’écouler ont forgé la réputation du ZooParc de Beauval bien au-delà des frontières de l’Hexagone. Qu’est-ce qui a favorisé ce succès, selon vous ?
Très certainement la passion qui nous anime depuis l’origine. Tout d’abord celle de ma mère Françoise qui, après des études au Conservatoire national d’art dramatique de Paris et une carrière artistique au théâtre Bobino, gagne deux capucins bec d’argent et décide de se consacrer pleinement à sa passion en s’installant à la campagne et en ouvrant en 1980 un parc dédié aux oiseaux, qu’elle dirige pendant huit ans avec l’aide de trois salariés. Mais c’est également la mienne, puisqu’ayant vécu depuis mon enfance au milieu des oiseaux et d’autres animaux, j’ai fait le choix d’interrompre mes études en 1988 pour la rejoindre, alors qu’il était nécessaire de relancer l’activité et d’assurer une meilleure gestion afin de créer un parc zoologique d’envergure.
C’est probablement grâce à nos passions conjuguées que, petit à petit, nous sommes devenus une destination que nous n’avons eu de cesse de développer – bien que jamais été animés par la quête absolue de résultats financiers. Le triptyque qui est le nôtre consiste à conjuguer la préservation du bien-être des animaux avec la volonté de placer l’ensemble de nos collaborateurs au centre de l’entreprise, et ce tout en continuant de sensibiliser nos deux millions de visiteurs annuels à la cause animale.
Vous représentez aujourd’hui l’une des ETI familiales françaises les plus connues. Quelles ont été les étapes franchies pour avoir cette envergure ?
Dès 1989, nous avons accueilli nos premiers singes et nos premiers félins, avant de nous voir confier les oursons qui avaient participé au tournage du film de Jean-Jacques Annaud. Deux ans plus tard, nous avons été les premiers en Europe à faire venir de Floride un élevage de tigres blancs, ce qui fut l’une des premières actions nous permettant d’installer notre réputation – sachant que nous avons à cœur de ne jamais prélever d’animaux dans la nature, en nous insérant dans des programmes d’élevage internationaux. Notre notoriété a également bondi lorsque nous avons accueilli des pandas géants de Chine en 2012 et que le premier bébé est né chez nous en 2017. Et cette année, nous avons le privilège d’être les premiers en dehors de l’Asie à héberger des singes dorés en provenance de ce même pays.
Un autre tournant fut négocié en 2008, lorsque nous avons décidé d’ouvrir notre premier hôtel, car la fréquentation avait décuplé en l’espace de vingt ans pour atteindre 400 000 visiteurs. C’était un défi important, que nous n’aurions jamais décidé de relever si nous avions écouté nos experts-comptables et nos différents conseillers. Mais il s’est avéré payant dans la mesure où les Français ont commencé à privilégier les courts séjours.
Désormais, nous totalisons huit hôtels – dont les trois que nous avons récemment rachetés – et nous employons environ 700 personnes et autant de saisonniers. Notre chiffre d’affaires avoisine les 115 millions d’euros et nous sommes accompagnés en minoritaire par Crédit Mutuel Equity (présent à hauteur de 12 % dans notre capital).
Comment parvenez-vous à concilier biodiversité et économie ?
Même si notre objectif n’est pas d’accumuler les dividendes, les capitaux sont évidemment nécessaires pour mener à bien notre mission et assurer l’entretien et la préservation des animaux. A cette fin et pour participer à la préservation de la biodiversité, nous portons régulièrement des projets pour lesquels nous avons à cœur de faire travailler le tissu économique local. Chaque année, nous investissons plusieurs dizaines de millions d’euros pour créer de nouveaux centres d’intérêt en sollicitant artisans et architectes locaux. C’est en suivant cette règle que nous avons lancé notre Dôme Equatorial en 2020 et que nous avons rénové le dernier hôtel acquis, par exemple. De même, pour la création du téléphérique, nous avons fait appel au spécialiste isérois Poma, réputé à l’échelle internationale.
Comme toute entreprise, nous réinvestissons entre 10 et 20 % de notre chiffre d’affaires chaque année – même s’il nous est arrivé d’aller au-delà de ce seuil –, de sorte à continuer d’améliorer l’existant et de créer des nouveautés pour satisfaire les envies du public. Nous avons d’ailleurs élaboré un plan Beauval 2030, qui nous permettra de célébrer nos 50 ans sans être confrontés à la nécessité de lever des fonds, car nous sommes convaincus que rien ne peut remplacer l’émerveillement des enfants et du public. Même si nous devons tenir compte des avancées permises par l’intelligence artificielle, l’expérience visiteur prime !