Philippe Joffard, président Lafuma
Entré dans le club très select des entreprises cotées en 1997, Lafuma a adopté les us et coutumes propres à ce milieu. Résultat : une transparence accrue, mais aussi une crédibilité renforcée auprès des partenaires… Un choix, aux multiples implications, qui fut décisif pour le destin de l’entreprise.
La suite du récit de Philippe Joffard, président de Lafuma de 1984 à 2013.
Quel changement majeur avez-vous perçu a posteriori ?
Clairement, être coté entraîne une transparence accrue (les chiffres et la stratégie sont publiés, actualisés et défendus régulièrement) et par extension une crédibilité renforcée vis-à-vis des partenaires.
C’est donc tout notre statut et notre image qui s’améliorent, particulièrement à l’international où nous sommes forts, facilitant largement les partenariats et la croissance externe. Cela induit bien sûr une rigueur renouvelée dans la gestion et la communication, être attentif, sans tomber dans l’obsession.
Au quotidien, qu’est-ce que cela a changé, particulièrement dans un contexte d’entreprise « familiale » … ?
La gouvernance avait déjà beaucoup évolué depuis l’arrivée d’Axa et Siparex, et deux acquisitions nous avaient déjà transformé en Groupe…
Culturellement, cela n’a donc pas changé grand-chose car nous nous sommes bien préparés. Le changement est plutôt cette récurrence permanente dans l’information et la disponibilité à répondre aux acteurs du marché.
Et au-delà de vos actionnaires, votre information et vos opérations sont sous le contrôle de l’AMF.
Quels ont été les bons et mauvais moments de cette présence en Bourse ?
J’ai quitté Lafuma en 2013, j’ai donc connu le groupe coté pendant 16 ans. On a atteint notre record en 2005, suite à la reprise d’Oxbow.
Et puis, il y a eu la crise de 2008… Moments difficiles où nous avons du alors être, encore plus cohérent et plus solide.
Nous étions en phase avec la stratégie passée et à venir, donc pas de complication particulière pour nous mais ça a été un passage lourd. Et puis nous avons été moins à la mode financière que nous ne l’avions été dans le passé. Notre marché, l’Outdoor a eu son heure de gloire, mais les nouvelles tendances en vogue ont porté leur attention sur les technologies. Ces effets de mode et même de taille nous ont affaiblis.
Et si c’était à refaire ? Quels conseils donneriez-vous ?
C’était une bonne décision de s’introduire en Bourse… Pour l’entreprise et ses actionnaires, c’était la réponse adaptée à nos objectifs et à leurs attentes.
Si je devais donner quelques conseils, d’une manière générale, je dirais qu’il faut savoir privilégier le temps long, être plus décontracté à court terme, et faire attention aux signaux faibles…
Savoir communiquer et expliquer est indispensable. Tout en conservant à l’esprit que chaque information donnée doit avoir un intérêt stratégique qui nourrisse la vision long terme de l’entreprise. Donc rien ne sert de délivrer des détails inutiles ou trop opérationnels.
Pensez-vous que l’entrée en Bourse est une étape indispensable ?
Indispensable uniquement si cela correspond aux besoins de l’entreprise. C’est une décision stratégique ni plus ni moins stressante ou engageante qu’une opération majeure de croissance externe. Et si l’introduction est réussie, si les résultats rejoignent les objectifs, alors cela devient un outil exceptionnel de développement !