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Anne Vincent, Yumgo : « Réfléchir très tôt aux attentes des utilisateurs nous a permis de répondre rapidement à leurs besoins »

novembre 24, 25
3 min. de lecture

En inaugurant un site de production en Ile-de-France, en octobre 2025, Yumgo a franchi une nouvelle étape importante dans son plan de développement. Le concepteur et producteur d’ingrédients végétaux se substituant aux œufs déploie une gamme complète de produits que sa cofondatrice, Anne Vincent, présente comme étant en phase avec des changements sociétaux de long terme.

Les entreprises se positionnant sur des problématiques d’évolution de l’alimentation doivent souvent répondre à des enjeux considérables. Quel est votre domaine d’intervention ?

Lorsque nous avons créé Yumgo en 2019, nous avons souhaité concevoir et développer une gamme de produits alternatifs aux œufs en leur substituant des ingrédients d’origine végétale. Mais en portant ce projet dès 2017 avec mon associé Rodolphe Landemaine, boulanger-pâtissier de formation, nous avions conscience que le défi était de taille dans la mesure où il est tout sauf facile de remplacer ces produits aux fortes propriétés texturantes et extrêmement répandus. Il s’agit pourtant de répondre à une réelle problématique de marché, permettant non seulement de satisfaire les besoins des personnes allergiques aux œufs mais aussi de favoriser le bien-être animal – en limitant notamment le recours aux poules pondeuses élevées en batterie – et de réduire les nuisances environnementales liées à leur élevage. 

C’est pourquoi, en travaillant en collaboration avec des chefs, nous avons cherché à élaborer des produits permettant de remplacer le blanc d’œuf, le jaune d’œuf et l’œuf entier, d’abord sous format liquide puis sous format poudre – ce dernier nous permettant d’être plus compétitif et présentant l’avantage d’être plus facilement intégré par les professionnels que nous ciblons. En proposant des solutions simples à utiliser, qui préservent le caractère gourmand des produits finis, nous sommes parvenus à offrir une gamme composée d’ingrédients, de bases culinaires et de produits prêts à l’emploi (mayonnaises, cookies, etc.).

Comment avez-vous géré les besoins financiers liés à ce projet ?

Les premières étapes de développement ont été autofinancées, tout en bénéficiant du soutien de Bpifrance par le biais de subventions. Par la suite, après un tour de table d’amorçage d’un peu moins de 1 million d’euros, bouclé auprès de business angels en 2022, nous avons obtenu 3 millions supplémentaires en capital lors du premier tour de 2024 – complété par 2 millions de subventions et de prêts. Grâce à ce nouvel apport, nous nous sommes notamment donnés les moyens de mettre sur pied le site de production que nous venons d’inaugurer, avec l’appui de la Région Ile-de-France. D’une surface de 850 m², il doit nous permettre d’augmenter notre production tout en protégeant notre invention, mais aussi d’optimiser nos coûts en étant proches de Rungis et d’une partie significative de nos clients.

Bien entendu, il s’agit de planifier en parallèle notre déploiement commercial, en touchant notamment de nouveaux marchés – en France comme à l’international. Le caractère innovant des solutions que nous proposons aux professionnels nous a d’ailleurs très vite permis d’être présent à l’export (au Royaume-Uni, en Europe, en Asie…).

Qu’est-ce qui vous a permis d’obtenir un tel accueil ?

Il existait sur le marché d’autres solutions pour remplacer les œufs, mais notre force réside probablement dans la capacité à proposer une gamme complète de produits utilisables par la restauration. Réfléchir très tôt aux attentes des utilisateurs nous a permis de rapidement répondre à leurs besoins.

L’accueil positif qui nous a été réservé provient aussi du fait que nous avons toujours prêté une grande attention à la composition de nos produits, en veillant notamment à limiter le nombre d’ingrédients utilisés, à maîtriser leur traçabilité, à les sourcer au plus proche, etc. Dans un métier comme le nôtre, une telle approche représente un gage de qualité.

Sur cette base, nous souhaitons désormais accroître notre ancrage auprès des professionnels de la restauration collective et de la restauration commerciale, en renforçant notre présence chez les grossistes – en France comme à l’international, mais en veillant toujours à travailler avec des producteurs d’ingrédients locaux.

Quelle est l’importance des questions environnementales dans votre business model ?

Elle est majeure car proposer des substituts aux œufs relève d’une démarche globale et durable, par nature. Outre des bienfaits découlant d’une adaptation de nos modes d’alimentation et de la préservation du bien-être animal, notre approche répond à une problématique environnementale majeure et souvent mal connue : l’empreinte carbone liée à la production d’œufs est particulièrement forte en raison du volume de la consommation, mais aussi des problématiques de transport des aliments qui servent à nourrir les poules.

Les petites productions locales présentent évidemment moins d’inconvénients, mais à notre échelle, nous travaillons à ce que les ingrédients végétaux limitent les impacts environnementaux de notre consommation alimentaire. L’empreinte carbone de nos poudres est 70 % moins élevée que celle des œufs… et cela nous conforte dans notre ambition de déployer une approche alimentaire autre que celle centrée sur l’animal.

L’éclairage d’un expert sur le sujet
Bertrand Dufour, associé RSM
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