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Pascal Houdayer, Laboratoires Boiron : « Les ETI ont des atouts majeurs pour faire face aux transformations »

juin 12, 25
4 min. de lecture
© Gilles Reboisson

Les Laboratoires Boiron affichent une ambition claire : s’imposer comme un acteur de référence de la santé intégrative, alliant traitements conventionnels et approches complémentaires. À sa tête depuis le 1er janvier, Pascal Houdayer détaille pour Objectif ETI les piliers de cette stratégie de transformation et réaffirme, dans un secteur en pleine mutation, la force d’innovation et de résilience des entreprises de taille intermédiaire.

L’origine des Laboratoires Boiron remonte à 1932. Quelle est aujourd’hui son envergure ?

L’histoire des Laboratoires Boiron est une véritable success story française. Je suis très fier de servir cette entreprise, leader mondial de l’homéopathie, qui en 93 ans est passée d’une petite pharmacie familiale à un groupe international.

En 1932, les pharmaciens Jean et Henri Boiron, frères jumeaux, se sont engagés dans la fabrication des médicaments homéopathiques afin de répondre à la demande des médecins en quête de produits de qualité pour leurs patients. Ensemble, ils ont développé un process français de fabrication rigoureux pour les médicaments homéopathiques, fabriqués à l’époque de façon artisanale par les médecins eux-mêmes. D’année en année, la volonté de garantir la fiabilité, l’efficacité et la reproductibilité de ces médicaments les a toujours guidés.

Aujourd’hui, nous mettons à la disposition des patients du monde entier des solutions de santé naturelles, efficaces et sures : des médicaments homéopathiques mais aussi des compléments alimentaires, des autotests et tests Covid, des cosmétiques, une gamme de CBD, numéro 1 en pharmacie, ou encore de la phytothérapie.

Nous sommes présents dans près de 50 pays via un réseau de 23 filiales et plus d’une vingtaine de distributeurs avec un chiffre d’affaires de 487,5 millions d’euros en 2024. Chaque jour, nos près de 2 800 employés dans le monde se mettent au service des patients, des consommateurs et de nos partenaires (professionnels de santé, fournisseurs et distributeurs).

Vous avez accédé au statut de leader mondial de l’homéopathie, mais de nombreux facteurs d’évolution (comme le déremboursement de produits en France) vous amènent à ajuster votre stratégie de développement. Quelles sont aujourd’hui vos ambitions ?

Notre ambition est de devenir, dans les années qui viennent, l’un des acteurs mondiaux de la santé intégrative : celle-ci permet une prise en charge complète et personnalisée du patient en lui apportant le meilleur des traitements conventionnels et des thérapeutiques complémentaires.

A cet égard, la stratégie actuelle de Boiron est basée sur plusieurs piliers.
Le premier est de stabiliser le marché français qui a beaucoup souffert ces dernières années. L’important dénigrement et le déremboursement des médicaments homéopathiques en France ont été en effet un immense choc pour l’entreprise et pour les patients – sachant que plus de 70 % des Français ont confiance en l’homéopathie. Les ventes de médicaments homéopathiques ont chuté, entraînant une baisse de plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, et nous avons dû mettre en place deux plans sociaux. L’un en 2021 et un autre qui est en cours.

Le deuxième pilier est d’accélérer notre développement à l’international, en Europe bien sûr, mais également en Amérique du Nord et en Chine où nous venons notamment d’ouvrir une filiale.

Le troisième pilier est basé sur la modernisation et simplification de notre offre homéopathique, pour les professionnels de santé et les patients. Par exemple, les homéoconseils, médicaments sous forme de tubes et granules présentent une indication thérapeutique claire pour le sevrage tabagique, l’herpès labial ou encore le surmenage.

Nous sommes aussi l’un des premiers laboratoires engagés pour le cannabis médical depuis le lancement de l’expérimentation de l’ANSM en France en 2021. Déjà adopté dans plusieurs pays européens, nous attendons les modalités de la législation française prochainement.
Enfin, les compléments alimentaires représentent un axe de développement majeur, avec une stratégie de déploiement interne et externe par des acquisitions.

Vous bénéficiez d’une importante exposition à l’international (57 % des ventes en 2024). En dépit du risque que cela peut représenter (risque de change, contexte international instable…), est-ce un axe de développement susceptible de conforter la croissance du groupe ? Quelle est votre stratégie pour 2025 dans ce domaine ?

Développer notre présence à l’international est l’une des priorités de ma feuille de route pour accompagner la croissance du groupe. En 2024, pour la première fois de l’histoire de Boiron, le chiffre d’affaires à l’international a dépassé celui réalisé en France. Comme toutes les entreprises internationales, le contexte géopolitique a un impact, qu’il soit favorable ou défavorable. Nous avons, comme beaucoup, connu par exemple des hausses du coût de l’énergie. Mais nous savons nous adapter pour relever de nouveaux défis. Et la maîtrise de notre outil industriel nous confère une grande agilité.

Notre stratégie est de poursuivre notre développement en Amérique du Nord, Europe et Asie. Nous cherchons à être sur des marchés où il y a une forte volonté des patients de se soigner naturellement et donc un grand potentiel pour l’homéopathie et nos solutions de santé.

Vous avez déjà intégré depuis plusieurs années des objectifs de durabilité dans votre plan de conduite. Diriez-vous que cela constitue un avantage ? Comment faites-vous éventuellement évoluer votre approche en la matière ?

Chez Boiron, la RSE fait partie intégrante de notre ADN depuis la création des laboratoires en 1932, elle est d’ailleurs enracinée dans la pensée même de l’homéopathie. On peut illustrer cette démarche RSE par la politique sociale que Christian Boiron a mis en œuvre dès les années 1970 où il a associé les objectifs économiques aux enjeux sociaux et à l’épanouissement des salariés. Nous avons 32 accords en France dont l’accompagnement des projets personnels, la retraite et sa préparation ou encore le télétravail.

Nous sommes convaincus que les initiatives destinées à améliorer le bien-être au travail et à développer les compétences favorisent l’investissement professionnel à long terme des salariés (plus de 15 ans d’ancienneté moyenne) et le recrutement de nouveaux talents.

Notre démarche RSE nous engage aussi chaque jour à développer des produits de qualité et sans risque répondant aux besoins des patients, des animaux et de la nature. Il faut rappeler que notre activité a très peu d’impact sur l’environnement.

Nous maîtrisons aussi la totalité de nos approvisionnements : 90 % de nos matières premières sont issues d’Europe et 100 % de nos matières premières végétales sont cultivées en agriculture biologique.
Et pour aller plus loin, nous avons pour engagement de réduire de 50 % les émissions carbones scope 3 à horizon 2030.

Pour conclure, diriez-vous qu’évoluer en tant qu’ETI vous donne suffisamment d’atouts pour vous conférer une place dans l’environnement concurrentiel mondial ? Ou bien considéreriez-vous qu’il faille aller encore au-delà ?

Je suis convaincu que les ETI ont des atouts majeurs pour faire face aux transformations. Elles sont plus dynamiques et plus résilientes que les autres entreprises. Chez Boiron, nous avons démontré que nous savons faire preuve d’agilité et d’innovation que ce soit pour des lancements de produits, notre développement géographique ou encore la mise en place de nouveaux services et expériences.

Ses atouts sont essentiels pour atteindre notre objectif qui est de devenir l’une des entreprises leaders de la santé intégrative mondiale, synonyme de liberté de choix pour les patients.

L’éclairage d’un expert sur le sujet
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