Implantée en Bretagne depuis 1900, Warenghem est la première distillerie de whisky en Bretagne et en France. Rencontre avec David Roussier, son directeur général.
Pouvez-vous retracer l’histoire de Warenghem ? Quel a été votre parcours au sein de la distillerie ?
Fondée par une famille originaire du Nord, notre distillerie fête ses 122 ans cette année. Historiquement, notre lien avec la Bretagne est très fort. Ce lien se ressent également dans nos résultats : nous réalisons 70 % de notre chiffre d’affaires en Bretagne. Cet enracinement territorial fait que nous privilégierons toujours cette région. De ce fait, nous voyons l’export comme un complément, non comme une fin en soi.
Après avoir exercé dans le domaine du commissariat aux comptes et dans la finance, j’ai eu l’opportunité de rejoindre la distillerie en 2009. Mon beau-père, alors gérant de la distillerie, préparait sa succession. J’ai saisi cette opportunité. Dans un premier temps, j’ai été en charge du marketing et de la communication. Rapidement, je me suis tourné vers l’export. Dès 2015, j’ai repris la direction générale.
Pourquoi le choix du whisky ?
Durant 80 ans, l’entreprise a œuvré dans la production de liqueurs avec l’élixir d’Armorique comme produit phare. Lorsque mon beau-père a repris l’entreprise en 1981, il a été rapidement confronté à un dilemme : soit cesser l’activité, soit trouver une nouvelle idée afin de la relancer. Désireux de poursuivre l’aventure, il a opté pour le chouchen, un marché sur lequel nous sommes à présent numéro 1 en Bretagne. Au-delà d’avoir sauvé la distillerie, ce choix nous a permis d’investir dans le whisky. Les premières distillations ont eu lieu dès 1983. En 1993, nous avons mis en place une distillerie dédiée au whisky. Une première en France. Aujourd’hui, pas moins de 80 % de notre chiffre d’affaires provient de la vente de whisky.
Quelle est votre stratégie en matière de production ?
Nous avons une approche RSE de la gestion de notre production. Concrètement, nous nous sommes imposés la règle suivante : l’augmentation de notre production est subordonnée à la réduction de notre consommation d’eau et de gaz. En outre, la distillerie est tournée vers le bio. C’est ainsi qu’en deux années, nous avons converti l’ensemble de notre gamme whisky Armorik en bio. Nous comptons bien poursuivre sur cette voie.
Est-ce que vous distribuez vos produits sur les marketplaces ?
Nous sommes présents sur Amazon. Toutefois, nous essayons de limiter le recours à ces plateformes. Pour nous, ce produit a pour raison d’être la convivialité. C’est pourquoi nous concentrons nos efforts sur notre boutique et notre espace d’accueil. Nous organisons également des visites et des ateliers.
Aujourd’hui, plus de 15 % des ventes sont réalisées sur place. Un chiffre qui a augmenté de façon significative ces dernières années.
Votre matière première est-elle française ? Locale ?
À l’exception d’un produit conçu à base d’orge provenant d’Écosse, toute notre orge est française. Plus précisément, un tiers de l’orge que nous utilisons est d’origine bretonne. Nous travaillons avec un malteur qui est à la frontière belge.
Idéalement, nous souhaiterions renforcer le volet recherche et développement de notre activité. Nous travaillons de plus en plus avec des agriculteurs bretons.
La distillerie dispose désormais du label Entreprise du patrimoine vivant. Pouvez-vous revenir sur ce tournant pour votre entreprise ?
C’est un label qui m’a toujours parlé. Il a vocation à sauvegarder et valoriser le travail artisanal.
Nous avons concentré nos efforts sur la valorisation de notre savoir-faire de distillateur de whisky. Cet état d’esprit a notamment conduit à la création de la marque Armorik il y a une quinzaine d’années.
L’obtention de ce label est l’aboutissement de cette démarche. En un mot, nous voulons être perçus comme détenteurs d’un savoir-faire, comme des artisans.
Quels sont vos projets pour les prochains mois ?
Depuis une vingtaine d’années, nous travaillons avec le dernier tonnelier de Bretagne qui est basé à Douarnenez. Nous allons reprendre son activité. Dans cette nouvelle aventure, nous nous associons avec son fils qui est tonnelier de formation. Ce dernier a été convaincu par notre réputation et notre réseau. Ainsi, nous allons relancer une tonnellerie fonctionnelle pour servir les clients locaux, et plus si affinités, en fûts bretons.