Grande démission, attractivité des entreprises, prime de partage de la valeur. Tour d’horizon des principaux enjeux RH de ce début d’année avec Jean-Marc Morel, associé RSM.
Certains secteurs sont-ils plus touchés par la Grande démission ? Le mouvement va-t-il se poursuivre ?
Les entreprises doivent mener une réflexion sur le rapport qu’entretiennent les collaborateurs à leur travail. Car ils sont de plus en plus nombreux, en quête de souplesse et d’une plus grande liberté, à quitter leur entreprise pour se lancer comme auto-entrepreneurs.
Face à la Grande démission, certaines entreprises doivent poursuivre leurs efforts. Il en va de leur attractivité. Ces efforts peuvent porter sur l’organisation du travail (souplesse sur le télétravail et semaine de 4 jours par exemple). Des évolutions sont également souhaitables au niveau du management.
Enfin, reste une question devenue essentielle, celle du sens. Aujourd’hui, nombreux sont les actifs qui refusent de travailler dans certaines entreprises au motif qu’ils ne se retrouvent pas dans les valeurs qu’elles portent. Pour répondre à cette quête de sens, les entreprises ont intérêt à poursuivre leurs efforts sur l’ESG car c’est un réel levier d’attractivité. N’oublions pas que le salaire n’est pas la priorité des priorités. Certains secteurs offrent des salaires attractifs et pourtant ils peinent à attirer les talents.
Au-delà de l’attractivité, qu’est-ce qui fait de l’ESG un sujet si crucial ?
De par leur activité, les entreprises contribuent à façonner le monde de demain. Ainsi, elles ont un rôle fondamental à jouer dans la prise en compte des enjeux environnementaux et sociétaux de notre temps.
L’ESG c’est également une affaire de résultats financiers. Aujourd’hui, on sait que les entreprises qui prennent des engagements en la matière et qui les tiennent, obtiennent de meilleurs résultats économiques que les autres. Il faut dire que les attentes des consommateurs ont évolué. Plus que jamais, ils sont sensibles à l’image des entreprises et sont désormais capables de remettre en cause l’achat d’un produit contraire à leurs valeurs. La même exigence se manifeste du côté des investisseurs.
Quels sont les autres conseils que vous donneriez aux entreprises qui souhaitent renforcer leur attractivité ?
Les entreprises auraient intérêt à agir en matière d’accords sur le temps de travail afin d’offrir aux collaborateurs la flexibilité qu’ils recherchent.
J’encourage également les entreprises à réaliser des questionnaires qui pourraient permettre de faire remonter les desidératas des salariés. Un tel mode opératoire permet au dirigeant de se faire une idée plus précise de ce que souhaitent leurs collaborateurs.
L’importance de l’entretien annuel doit également être rappelée. Placé sous le signe de l’écoute et du dialogue, l’entretien annuel est un moment privilégié pour faire le point sur la situation de chacun.
Face à l’érosion du pouvoir d’achat, que peuvent proposer les entreprises à leurs salariés ?
Notre économie connait une inflation galopante depuis quelques mois, globalement de 6 % sur 2022. Fort heureusement, il existe divers dispositifs permettant de juguler cette hausse des prix. Parmi eux figure la prime de partage de la valeur (PPV) instaurée par la loi du 16 août 2022 portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat. Ceci, en remplacement de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat. Cette prime peut s’élever jusqu’à 6000 euros par salarié.
Cette prime est d’autant plus intéressante que l’inflation est telle que les éventuelles augmentations de salaire ne seront pas en mesure de la compenser. Il peut être tout à fait judicieux de conjuguer l’octroi d’augmentations de salaire et le versement de la PPV.
À quoi faut-il s’attendre pour 2023 ?
Au niveau global, les trois années qui viennent de s’écouler doivent nous inciter à faire preuve de la plus grande prudence. Qui aurait pu imaginer qu’une pandémie mondiale nous frapperait en 2020 ? Après deux ans de crise sanitaire, qui aurait pu penser qu’une guerre ferait irruption aux portes de l’Europe ? Qui aurait pu prévoir que pas loin d’un an après le début de ce conflit nos économies résisteraient ? Il faut envisager l’avenir avec agilité.
Sur le plan plus spécifique des ressources humaines, la question de l’intéressement va être un sujet important dans les mois à venir. Je reste persuadé que c’est un très bon outil à condition que le dispositif soit simple et corrélé aux objectifs de l’entreprise. C’est un levier intéressant pour motiver et récompenser les collaborateurs. Mais pour ce faire, les entreprises doivent communiquer correctement au sujet des plans d’intéressement qu’elles sont susceptibles de mettre en place.
