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Jean-Marc Morel et Marie Bobichon (RSM) : « Nous traversons une crise de l’emploi au sens profond du terme »

septembre 8, 22
3 min. de lecture

Baisse du pouvoir d’achat, difficultés pour recruter, crise de l’emploi. Autant de sujets qui vont rythmer la rentrée sociale. Le point avec Jean-Marc Morel et Marie Bobichon, respectivement associé et sénior-manager RSM.  

En quoi cette rentrée sociale est-elle si particulière ?

Jean-Marc Morel : Il est clair que nous avons affaire à une conjoncture politique singulière marquée par le fait que l’exécutif ne dispose pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale.  Sur le plan social, les problématiques ne manquent pas. Outre une baisse du pouvoir d’achat, notre pays est touché par une crise de l’emploi. Il s’agit d’une crise de l’emploi au sens profond du terme : les salariés ne veulent plus travailler de la même manière. Les aspirations des collaborateurs ont évolué. Les employeurs doivent en effet composer avec de nouvelles demandes : des horaires flexibles, du flex office, du télétravail, etc. Aujourd’hui, de nombreux salariés démissionnent non pas pour changer d’entreprise mais pour changer de vie. Ce phénomène touche tout particulièrement le domaine de la restauration.

 

Marie Bobichon : Nous observons actuellement une forte tension sur le marché de l’emploi. Ce phénomène concerne tous les secteurs d’activité. De nouvelles problématiques se posent, notamment la question du trajet et de son coût, ne serait-ce que pour se rendre à un entretien. Il faut avoir à l’esprit que le télétravail a créé beaucoup d’attentes, sans compter que de nombreux salariés ont déménagé durant les confinements. Ce qui rend la question du temps de trajet particulièrement sensible et ne facilite pas les recrutements.

 

Avec la crise sanitaire le télétravail a connu un développement sans précédent. Quels enjeux pose-t-il du côté des employeurs ?

Marie Bobichon : Lorsque le télétravail a été mis en place en réponse à la crise sanitaire, les craintes des employeurs portaient principalement sur une baisse subséquente de la productivité des salariés. Depuis, ces craintes se sont dissipées. Nous savons à présent que le télétravail donne des résultats satisfaisants en termes de productivité.

Ce que les employeurs redoutent à présent c’est une érosion de la créativité. Étant donné que les collaborateurs se rencontrent moins qu’auparavant, cela peut en effet donner lieu à une baisse de l’émulation collective.

 

Jean-Marc Morel : Je préfère la notion de flexibilité à celle de télétravail, car il ne faut pas oublier que bon nombre de salariés ont souffert du télétravail.  La flexibilité est aujourd’hui plébiscitée par les collaborateurs. Certains veulent du télétravail, d’autres non. Pour remplir sa mission avec succès, à savoir assurer une bonne gestion des équipes, le manager doit faire un mix équilibré entre le télétravail et la présence au bureau. De plus, le télétravail nécessite un management de proximité, un suivi régulier étant indispensable à son efficacité.

Face à la baisse du pouvoir d’achat, une loi a été adoptée début août. Quelles sont les mesures emblématiques de ce texte en faveur du pouvoir d’achat ?

Jean-Marc Morel :  On peut distinguer deux volets dans ce texte. D’une part, la revalorisation de la prime Macron, rebaptisée prime de partage de la valeur. Celle-ci passe de 3000 à 6000 euros lorsqu’un accord d’intéressement a été passé. Cette prime présente l’intérêt suivant : elle ne peut être versée qu’aux salariés présents dans l’entreprise, contrairement à l’intéressement qui peut également bénéficier aux salariés qui ont quitté cette dernière. De plus, un critère d’ancienneté a été rajouté pour la modulation de la prime, répondant ainsi à de nombreux chefs d’entreprise.

 

L’autre point important de ce texte, c’est la possibilité offerte aux salariés de racheter les RTT auxquels ils renoncent, étant précisé que les RTT rachetés seront exonérés d’impôts et de cotisations jusqu’au 31 décembre 2025. Cette mesure repose sur la philosophie suivante : travailler plus pour gagner davantage. Ce qui peut sembler entrer en contradiction avec les aspirations des nouvelles générations, plus soucieuses d’un équilibre entre carrière et vie privée.

 

En cette rentrée sociale, l’ESG sera-t-il également au cœur des débats ?

Jean-Marc Morel : C’est un sujet très important. Souvent quand on évoque l’ESG, nous nous focalisons uniquement sur la dimension environnementale. Or, l’accent doit également être mis sur le volet social et la gouvernance. Il faut penser à un niveau global les trois pans de l’ESG car ils constituent les différents piliers de la marque employeur. L’entreprise doit avoir une bonne image sinon elle rencontrera, inéluctablement, des difficultés pour recruter.

 

Marie Bobichon : Ce qui va attirer les talents c’est le positionnement de l’entreprise sur les trois volets. Une chose est sûre : la rémunération ne fera pas tout. La nouvelle génération est prête à accepter une rémunération moins importante au profit d’un plus grand confort de vie. Bien que cette tendance s’accentue, nous ignorons encore si cette génération conservera les mêmes aspirations dans une dizaine d’années, notamment une fois qu’elle occupera des postes à plus haute responsabilité.

 

L’éclairage d’un expert sur le sujet
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