Les dernières années ont été marquées d’un nouveau jour chez DMS Group. Après avoir négocié un nouveau virage en 2022, le spécialiste occitan des systèmes d’imagerie médicale a intégré la première promotion du programme ETIncelles, un an plus tard. Retour sur la trajectoire de croissance de cette PME de 140 personnes qui revendique son fonctionnement en ‘mode start-up’ avec son CEO, Samuel Sancerni.
DMS Group a mis à profit ces dernières années pour changer de fondamentaux. Que s’est-il passé ?
Depuis peu, l’entreprise aborde effectivement l’avenir avec un positionnement radicalement différent. Après s’être concentrée sur l’imagerie médicale numérique en tentant d’imposer sa marque face aux grands compétiteurs que sont General Electric, Siemens ou encore Philips, jusqu’en 2009, elle a joué la carte de la diversification sous l’impulsion d’un nouveau président. Si le marché a adhéré à cette stratégie dans un premier temps, celle-ci n’a finalement pas été couronnée de succès. Voilà pourquoi depuis 2022, date à laquelle nous sommes arrivés aux commandes, nous avons pris le parti de nous reconcentrer sur les solutions logicielles d’imagerie médicale, mais en cherchant à devenir un partenaire des ‘majors’ et en leur fournissant en marque blanche nos équipements.
Il faut savoir qu’aujourd’hui, le recours à l’imagerie conventionnelle intervient dans 75 % des cas, avant que le patient ne soit ensuite orienté vers des dispositifs plus adaptés à la pathologie que l’on cherche à identifier – tels un scanner ou un appareil d’IRM. Dans un tel contexte, nous avons choisi de nous développer en proposant nos équipements aux grands fournisseurs de matériel d’imagerie, de sorte à ce qu’ils puissent disposer d’une gamme d’équipements plus complète pour répondre aux besoins des patients.
L’histoire de DMS Group est donc quelque peu erratique, mais nous avons beaucoup appris de celle-ci. C’est à la lumière des difficultés rencontrées et des erreurs passées que nous sommes maintenant en mesure d’être présents dans le monde entier. Avec les savoir-faire que nous avons développés, combinés à notre nouvelle stratégie, nous avons enregistré environ 90 % de nos 46,1 millions d’euros de chiffre d’affaires 2024 à l’export, en 2024.
Vous venez de finaliser une augmentation de capital réservée de près de 6,9 millions d’euros, tout en étant coté sur Euronext Growth. Dans quel but ?
L’accord finalisé fin août s’inscrit justement dans la mise en œuvre de notre nouvelle stratégie. D’une part, nous avons accueilli à notre capital deux entités présentes en amont de notre chaîne de valeur et qui font partie d’un même groupe taïwanais, InnoLux Corporation et InnoCare Optoelectronics Corporation. Elles deviennent l’un de nos fournisseurs de technologies de création des images, ce qui permet non seulement de sécuriser nos approvisionnements mais aussi de bénéficier de leur capacité d’innovation. D’autre part, nous avons reçu l’appui de deux structures d’investissement, Bpifrance et NextStage AM, dont l’arrivée doit accompagner notre dynamique de développement.
Nous avons trouvé opportun de structurer cette opération capitalistique en combinant l’entrée de partenaires industriels et d’investisseurs financiers, même si cette opération a nécessité un travail intense au cours de l’été pour aligner les attentes et les intérêts de tous.
En quoi avoir été sélectionnés lors de la première promotion d’ETIncelles vous a-t-il été utile ?
Ce programme, qui a pour objectif de faire émerger des ETI en France, nous a permis de bénéficier d’un excellent suivi. Le soutien qui nous a été fourni a été assez exceptionnel dans de nombreux domaines, comme pour les mises en relation avec Bpifrance ou dans le cadre du programme France 2030 – dont nous avons bénéficié pour la mise en place d’une chaîne de production. Grâce à cet accompagnement, nous sommes à chaque fois aiguillés vers les bons guichets pour répondre à nos problématiques de croissance, avec l’assurance d’obtenir une réponse, voire un rendez-vous.
C’est notamment grâce à cela que nous sommes parvenus à rencontrer les équipes de la Banque européenne d’investissement. De même, ETIncelles a joué le rôle de facilitateur pour faire en sorte que l’initiative French Healthcare – dont nous sommes membres fondateurs – intègre le panier de la dotation du fonds Ukraine ouvert par l’Etat en mars dernier…
Et comment voyez-vous la suite ?
Nous devrions franchir le seuil des 50 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année, en accord avec notre plan Imaging 2027 – qui doit se concrétiser par 70 millions de revenus et 14 % de marge d’Ebitda, en 2027. En nous appuyant sur une dynamique de croissance annuelle de l’ordre de 10 %, nous sommes en train de préparer un plan Imaging 2030, avec l’idée de devenir en imagerie conventionnelle un fournisseur incontournable de tous les ‘majors’. Tout cela en continuant de déployer nos solutions logicielles complètes, en embarquant en particulier des briques d’intelligence artificielle dont l’utilisation doit permettre d’établir les meilleurs diagnostics possibles.
Pour l’avenir, nous ne nous interdisons rien. La partie logicielle que nous fabriquons ayant besoin d’une masse critique, notre accroissement d’activité résultera évidemment des progrès que nous serons en mesure d’accomplir en interne, mais aussi d’opérations de croissance externe si celles-ci doivent être à l’origine de synergies. Après avoir racheté une usine de quinze personnes en Suède, nous pouvons tout à fait nous imposer en tant que véhicule de la consolidation de notre segment de marché, selon les opportunités.