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Groupe Roset, ambassadeur du design durable « made in France »

novembre 13, 24
4 min. de lecture
Antoine et Olivier Roset © Mathieu Bonnevie

En mars 2023, les cousins Antoine et Olivier Roset ont pris la direction générale du Groupe Roset, officialisant un passage de témoins entre la quatrième génération familiale – toujours à la présidence – et la suivante. Sur fond de transition managériale, ils ont profité de la période récente pour conduire des réflexions stratégiques en vue de perpétuer le savoir-faire « made in France » des trois marques qu’ils portent.

Nous avions fait un précédent focus sur le Groupe Roset dans Objectif ETI, mi-2020, lorsque le Covid mettait à mal l’économie. Comment avez-vous franchi cet obstacle et géré « l’après-crise » ?

Antoine Roset : De façon inattendue, le Covid fut un accélérateur pour le secteur de l’ameublement. Dans ce contexte, la solidité de notre groupe était un atout, mais nous en avons profité pour mener une réflexion de fond sur la façon dont nous souhaitions asseoir notre développement. Dans les faits, nous avons « surfé » sur la succession de vagues issues de la reprise économique de ces dernières années, grâce à notre forte exposition à l’international – où nous enregistrons 75 % de nos ventes. Pour autant, nous gardons à l’esprit que le produit est au cœur de notre ADN. Outre le fait que nous sommes « made in France » à 83 %, nous sommes les seuls à être à la fois fabricant, diffuseur et distributeur. C’est pourquoi nous sommes convaincus qu’en maîtrisant ce que nous proposons, nous sommes en mesure de porter simultanément nos trois marques (Ligne Roset, Cinna et Ligne Roset Contract) et d’adresser ainsi plusieurs marchés.

Olivier Roset : Il nous apparaissait essentiel de poser correctement les jalons pour tracer l’avenir du groupe. Notre réflexion a mis en avant deux éléments qui nous distinguent : nous sommes non seulement l’un des derniers du secteur à disposer de sites de production en France, mais nous travaillons aussi avec des designers un peu impertinents, ce qui nous confère une position atypique dans le segment du « luxe haut-de-gamme ». Avec 50 magasins intégrés, six filiales commerciales dans le monde et plus de 750 employés, nous affichons 130 millions d’euros de chiffre d’affaires. Forts de ce positionnement, nous avons fait le choix de continuer de bâtir un écosystème global autour de marques fortement différenciées, de sorte à continuer d’être identifiés comme bien plus que des créateurs de meubles.

Vous êtes notamment connus pour vos produits iconiques, tels le Togo et le Pumpkin. De quelle façon conciliez-vous ces intemporels avec votre stratégie ?

Olivier Roset : Ils en font partie intégrante dans la mesure où leur succès ne se dément pas depuis 50 ans. Mais il est évident que si nous voulons continuer de rester attractifs aux yeux du public, nous devons toujours sortir des sentiers battus. Nous cherchons donc à continuer de susciter l’envie et la désirabilité et d’être positionnés autour de nos marques « lifestyle », sans rien s’interdire. La présentation de nos collections au Palais de Tokyo depuis quelques années, nos collaborations avec des designers inspirants, notre volonté de travailler en collaboration avec le monde de la culture (comme le mobilier national) sont des illustrations concrètes de ce que nous voulons porter.

Antoine Roset : Après avoir repris Pierre Paulin, en 2007, nous en sommes aujourd’hui le plus important éditeur au monde. Nous venons d’en faire de même avec Pierre Guariche, pour illustrer notre souhait de nous illustrer dans le design contemporain haut-de-gamme tout en étant garant du savoir-faire français.

Olivier Roset :Cela nous inscrit d’autant plus dans une tendance de fond que les designers sont actuellement au cœur de projets d’hôtellerie, de restauration, de culture, etc. On a pu le voir pendant les Jeux Olympiques : leur action va au-delà de la simple sphère du design. De ce fait, comme nous avons initié un cercle vertueux en travaillant avec eux depuis des années, cela nous permet d’aller au-delà de nos écosystèmes historiques et de proposer sièges, meubles et accessoires en accord avec le lifestyle contemporain.

Et quelle est la place de la RSE dans cette stratégie ?

Antoine Roset : Nous l’avons depuis longtemps développée de façon naturelle et nous venons d’ailleurs de finaliser notre rapport 2023, qui détaille nos axes d’intervention. Dans un souci d’œuvrer pour un design plus durable, par exemple, nous sommes attentifs à l’éco-conception des produits, pour lesquels nous veillons à utiliser des composants de plus en plus dissociables. D’un point de vue sociétal, aussi, nous multiplions les actions pour veiller au bien-être de nos salariés, tout en demeurant très attachés à notre ancrage régional français où nous sommes présents depuis 160 ans. Au-delà des normes qui nous sont imposées, nous devons encore mieux faire savoir l’ensemble de nos engagements, d’autant que nous avons l’ambition d’adopter la qualité de société à mission d’ici deux à trois ans.

Olivier Roset : Nous sommes historiquement un « bout de territoire » et il nous tient à cœur de démontrer à nos salariés notre intention d’avoir un impact local encore plus important. Nous venons d’ailleurs de rénover une friche industrielle en injectant près de 3 millions d’euros dans l’usine d’origine du groupe située à Montagnieu, dans l’Ain. Sur les 5 500 m², nous avons rendu 1 000 m² à la nature et scindé le reste en deux – avec une partie dédiée à la production et à la formation, et une autre où le Studio 1860 sera plus expérientiel en proposant un magasin d’usine, un showroom, un espace historique et un espace outdoor. L’achèvement de ce projet interviendra en 2025, date à laquelle nous proposerons au public un parcours de visite. De quoi participer à notre mesure à la vie du bassin du Bugey.

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