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Karine Renouil-Tiberghien et Arnaud de Belabre œuvrent pour un renouveau militant du textile

juin 6, 24
3 min. de lecture

Faire de l’industrie textile un champion du « made in France ». Tel est le défi sans cesse porté depuis une dizaine d’années par Karine Renouil-Tiberghien et Arnaud de Belabre, deux associés qui ne cessent de densifier leur maillage de savoir-faire.

Le tournant vers l’entrepreneuriat est loin d’être anodin dans votre parcours professionnel. Comment s’est-il opéré ?

Il est vrai que lorsque j’ai quitté le monde du conseil et de l’audit, j’ai souhaité répondre à une envie personnelle en conjuguant métier et engagement. Dans ma quête d’entreprise à reprendre, j’ai analysé beaucoup de dossiers qui se présentaient sur le marché avec un désir particulier : celui de fabriquer. Et lorsque j’ai découvert la Manufacture de Layette et Tricots (MLT), dont les textiles sont destinés à la grande distribution, mes doutes ont disparu en visitant le site de production alors basé à Tarbes. Même si la société ne vendait pas suffisamment pour être florissante, son business model était solide et m’a convaincue de m’investir dans ce projet. A titre personnel, il s’agit même d’un véritable défi puisque mon grand-père avait fait faillite 50 ans auparavant avec une entreprise similaire…

Mais un besoin personnel encore plus fondamental se dessine derrière ce projet. Malgré les incertitudes que celui-ci pouvait présenter, il répondait à mon désir de participer à une évolution profonde de nos sociétés. Comme le décrit parfaitement l’ouvrage « La France sous nos yeux », que je suis en train de parcourir assidument, nous avons collectivement privilégié des modes de consommation développés au détriment de l’industrie de notre pays, créant un monde dont nous ne pouvons pas être fiers. Il y a désormais une prise de conscience pour inverser la tendance et j’espère apporter ma contribution à ce mouvement, en permettant l’essor du « made in France ».

Quelles ont été les étapes franchies depuis 2016, date de cette reprise ?

C’est avant tout un projet partagé avec mon associé, Arnaud de Belabre. De nos différences est née une complémentarité particulièrement efficace pour démontrer que délocaliser l’industrie fut une grande erreur au cours des décennies passées (une idée qui n’était pas encore dans l’air du temps). Pour reprendre MLT, nous avons donc relevé le défi de structurer un LBO – grâce à la garantie apportée par Bpifrance – en étant persuadés que, malgré l’environnement plutôt défavorable, nous pourrions assurer la croissance de la société.

Le hasard a fait que, quelque temps plus tard, l’entreprise d’aéronautique voisine ayant besoin de s’étendre, nous avons pu lui céder notre terrain et ainsi rembourser une part de la dette du LBO. Mais cela illustre parfaitement le quotidien des dirigeants que nous sommes : au-delà de nos convictions, nous ne devons pas hésiter à faire un pas de côté si nécessaire. Il n’y a jamais de mauvaise question ou de proposition inconsidérée. L’important, c’est d’être agile et de chercher à rebondir lorsque les difficultés se présentent.

Vous avez quasi autofinancé tous vos projets de développement. Comment avez-vous pu procéder ainsi ?

Toutes nos décisions n’ont pas été couronnées de succès ! Lorsque nous nous sommes positionnés pour racheter Camaïeu, avec l’idée d’en refaire une marque qui fabrique à proximité, nous avons subi une déconvenue en n’étant pas retenus. Mais l’engouement qui est né de cette étape (mon post sur LinkedIn a été vu trois millions de fois !) nourrit d’autres projets et d’autres idées.

Cela étant, nous sommes heureux d’avoir réussi à de nombreuses reprises. En 2019, nous avons signé un contrat avec Auchan, l’une des enseignes de la grande distribution qui ne travaillait pas avec LMT et qui souhaitait proposer de nouveau à ses clients des brassières pour nouveaux nés. Deux ans plus tard, ils ont même souhaité aller plus loin et nous avons signé avec eux des contrats pluriannuels d’achats. C’est un atout de pouvoir compter un client militant comme celui-là et de créer avec lui le même lien indéfectible que celui nous avec les clients les plus anciens.

Vous avez néanmoins signé d’autres rachats…

Absolument. En 2018, nous avons repris une manufacture au centre de Roanne, dont la valeur résidait essentiellement dans ses huit salariés et leur savoir-faire dans des métiers rares. Et même si son principal client avait annoncé son retrait, nous n’avons eu de cesse de la valoriser, au point de compter une quarantaine de clients désormais.

Dans le même secteur, l’an dernier, nous avons accueilli les équipes de l’usine de tricotage Griffon située en face et dont l’activité cessait. Nous sommes en train de redynamiser cette marque, tout en affectant le rez-de-jardin de l’usine de 7 000 m² à un atelier pratique utilisé dans le cadre d’un BTS en alternance qui a été réouvert par Maya Campus il y a deux ans.

Dans l’industrie, il est essentiel de veiller à maintenir et développer les savoir-faire. C’est d’ailleurs dans cette optique que, fin 2021, nous avons également repris l’atelier Marcoux Lafay, spécialisé dans le tricotage de grenouillères et de chaussettes à neige pour les voitures.

Quelle que soit notre action, nous veillons à faire naître l’enthousiasme et susciter l’envie de travailler avec nous. C’est essentiel, à l’heure où nos métiers connaissent de véritables bouleversements. Avec très peu de démissions et/ou de burn-out dans nos entreprises, nous pensons que fabriquer peut rendre heureux au travail.

L’éclairage d’un expert sur le sujet
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