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Bertrand Dufour (RSM) : « Les start-up doivent envisager très tôt leur essor à l’international »

mars 20, 24
3 min. de lecture
Bertrand Dufour, associé RSM

En 2023, les fonds de capital-risque ont ralenti leurs investissements dans l’Hexagone. De quoi compliquer le déploiement des start-ups, quel que soit leur secteur d’activité. Mais pour mener à bien un tel processus, mieux vaut préparer minutieusement un plan de développement, comme l’explique Bertrand Dufour, associé de RSM, spécialisé dans l’économie du numérique et la numérisation de l’économie.

Quel regard portez-vous sur la dynamique de financement de l’industrie ?

Bien qu’il s’agisse d’un sujet assez complexe, il est intéressant de constater que des projets de start-up industrielles continuent de voir régulièrement le jour et parviennent à obtenir des financements – privés comme publics –, en particulier dans la région Rhône-Alpes où j’interviens. La réindustrialisation de la France, souhaitée par la sphère politique et à laquelle de nombreux acteurs de la vie économique veulent participer, ouvre notamment des perspectives intéressantes pour des jeunes entreprises technologiques. En particulier, la dynamique actuelle de marché se traduit par l’émergence de nouveaux modèles reposant sur des positionnements hybrides, combinant industrie et technologie embarquée.

Cela étant, il faut garder à l’esprit que les sujets industriels les plus porteurs sont souvent des projets de niche, étant donné qu’ils ne sont pas confrontés à des enjeux de coûts ou de problématiques concurrentielles complexes. Pour autant, comme ceux-ci peuvent nécessiter beaucoup de main d’œuvre (ouvriers qualifiés, ingénieurs…), ils font face aux difficultés actuelles de recrutement des entreprises. C’est pourquoi deux options ont plutôt l’avantage, actuellement : opter pour une robotisation, ce qui nécessite de forts investissements initiaux, ou pour un modèle innovant avec des activités fabless, à la façon de bureaux d’études.

Voilà pourquoi l’existence d’une vraie dynamique en faveur d’une réindustrialisation ne se traduit pas encore concrètement dans les faits. Il est encore un peu tôt pour en voir les résultats.

Que peut-on dire du financement des start-ups, de façon globale ?

En matière de capital-risque, l’année 2023 a marqué un point d’inflexion, après deux millésimes où les fonds avaient massivement répondu au regain d’activité des start-ups après les confinements. Certains secteurs d’activité ou thématiques – comme la santé, l’intelligence artificielle, la RSE… – tirent leur épingle du jeu, mais de ce que l’on constate, les points de crispation connus l’an passé se confirment pour 2024. En effet, en raison des difficultés opérationnelles rencontrées par nombre de start-ups,

Celles-ci sont souvent confrontées à l’impossibilité de convaincre de nouveaux investisseurs d’entrer à leur capital et ne peuvent compter que sur l’appui de leurs actionnaires historiques. Et dans un contexte de baisse globale des valorisations, les fonds incitent leurs participations à atteindre plus rapidement la rentabilité, en réduisant et rationalisant leurs dépenses.

Cela étant, les investisseurs n’ont pas revu leurs ambitions à la baisse : ils ont d’ailleurs souvent accompagné leurs participations en mode « build-up ». En injectant des capitaux destinés à financer des rachats, les fonds ont permis aux start-ups de leur portefeuille de se porter acquéreur de briques technologiques, mais aussi d’équipes qualifiées– deux éléments clés pour permettre aux jeunes pousses de conforter leur trajectoire de croissance et, à terme, de soutenir leur niveau de valorisation !

Que recommandez-vous aux entreprises en phase de levée de fonds ?

Au vu des contraintes de l’environnement actuel, nous rappelons aux dirigeants de start-ups qu’ils doivent – encore plus que d’ordinaire – faire preuve de rationalité dans leurs différents scénarios de développement envisagés. Ayant appris de leurs erreurs récentes, les fonds attendent en effet de ces entreprises qu’elles présentent des projections de développement particulièrement cohérentes. Pour autant, cela ne doit pas les empêcher d’être ambitieuses : nous leur soulignons aussi l’intérêt d’envisager très tôt les modalités de leur déploiement à l’international.

Et pour mettre tous les atouts de leur côté, celles-ci doivent pouvoir compter sur une intervention coordonnée de l’ensemble de leurs conseils – tant du côté du chiffre que de celui du droit. C’est à cette condition qu’un dirigeant de start-up pourra mettre tous les atouts de son côté et, pourquoi pas, atteindre à terme le statut d’ETI.

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