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Jean-Michel Picaud (RSM) : Pour un nouveau contrat social fondé sur une ETI-Nation !

février 13, 19
3 min. de lecture
Jean-Michel PICAUD, Associé, Président de RSM France 

Avec ses 5800 Entreprises de taille intermédiaire (ETI), la France est la mauvaise élève de la classe. Bonne dernière parmi les Européens, qu’ils soient Italiens (8000 entreprises), Britanniques (10 000) ou encore Allemands, ces derniers recensant près de 13 000 ETI[1].

Ce constat, régulièrement rappelé comme un fait quasi immuable, résulte, il est vrai, de réflexes historiques et politiques dont la France a dû mal à se débarrasser.

Pourtant, à l’heure où notre pays traverse une période de profonds bouleversements, une nouvelle voie permettant de développer ces entreprises doit être tracée. Il en va du cœur de la France et de ses régions. Dont les ETI sont les fleurons. Elles représentent, aujourd’hui, 25% de l’emploi salarié en France.

 

Deux facteurs principaux bloquent l’essor des ETI. Structurellement et conjoncturellement.

D’abord, notre organisation trop centralisée des pouvoirs publics voire même des autorités financières empêche les prises de décisions au plus proche des intéressés. Elle atomise parfois les initiatives locales. On ne peut ensuite ignorer les freins pesant sur la fiscalité des entreprises. Notamment celle grevant de manière parfois mortifère la transmission de celles-ci. Ce constat est particulièrement dommageable dans le cas des ETI, qui regroupent de nombreuses structures familiales. Celles pour lesquelles cet enjeu de transmission est capital. Au-delà de cette fiscalité souvent lourde, c’est le côté fluctuant qui empêche l’anticipation et les investissements durables. Cela au gré des ministres et des changements de majorité.

 

À nous de faire bouger ces lignes. Dans un moment où la France a besoin de ce sursaut d’espoir, pour regagner la confiance et faire émerger nos entreprises de taille intermédiaire.

Car pourquoi les ETI resteraient-elles sur le banc de touche ?

 

Changer la donne

Nous devons, en premier lieu, bâtir des « champions français des ETI ». Après avoir longtemps valorisé les grands groupes, « fleurons français », vecteurs de croissance et d’emplois, la France a décidé de dorloter ses startups. De la même manière, nous devons prendre à bras le corps le destin des ETI en mettant davantage en avant ces entreprises. Souvent familiales, installées sur tout le territoire – 78% des sites de production des ETI sont en régions – elles créent de l’emploi – plus de 3 millions de salariés – et un dynamisme des plus importants. Encore trop peu visibles, leur statut ne datant que de dix ans, elles gagneraient vraiment à être valorisées, voire labellisées pour ainsi émerger et être soutenues.

Ce constat de manque de reconnaissance amène à une seconde réflexion. Elle-même encline à dynamiser le vivier des ETI. Celle de créer une politique publique dédiée. Les ETI n’ont en effet pas les mêmes armes que les grands groupes.  En matière d’investissement pour l’innovation, par exemple. Une politique publique consacrée aux ETI devrait aussi permettre de décentraliser les financements. Cela en créant des pôles de décision au plus près d’elles, en région ou encore à l’échelle des grandes métropoles. Indispensables leviers pour les aider à croître et à s’adapter à leurs besoins.

Enfin, reste à consolider et même à reconstruire un vrai Made in France. Il inclurait le secteur industriel dont les ETI sont de grandes ambassadrices. L’expression, qui a fait florès dans les années 80, a connu un second souffle politico-médiatique dans les années 2010. Cependant elle semble encore loin de pouvoir englober tout le particularisme des ETI. Souvent utilisée par les startups, dans les secteurs de l’alimentaire, du luxe, ou encore de l’habillement, il nous faut revenir sur cette notion pour embrasser l’industrie, si chère aux ETI. Forgeons le nouveau Made in France capable de rivaliser avec un Made in Germany. Ce dernier très marqué au niveau de la qualité du secteur secondaire.

 

Aider les ETI, c’est investir dans nos régions. Derrière ces entreprises, c’est tout un maillage territorial qui est en jeu, une nation entière. Nos ETI ont besoin de régions fortes. Mais nos régions ont encore plus besoin d’ETI en France.

Le mouvement des gilets jaunes nous a collectivement apporté un enseignement majeur, à nous tous, responsables d’entreprise, politiques, décideurs économiques ou financiers : il est urgent de renouer avec nos racines, en repartant des échelons les plus proches des citoyens. Alors mettons nos ETI au service d’une croissance apaisée, capable de faire vibrer l’économie de demain

 

[1] Les chiffres cités dans cet article sont issus du rapport « ETI : taille intermédiaire, gros potentiel », janvier 2018 (Institut Montaigne et Mouvement des Entreprises de taille intermédiaire). 

Article paru dans La Tribune le 14 février 2019.

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