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Didier Martin (Eugène Perma) : dans cette période de crise, « on ressent un très fort engagement des équipes »

avril 16, 20
3 min. de lecture

Entreprise française indépendante, familiale et centenaire, Eugène Perma est le spécialiste du capillaire avec des marques connues de tous… Pétrole Hahn ou Kéranove pour ne citer qu’elles. Avec 95 millions de chiffre d’affaires, cette ETI, dont 25% de l’activité se fait à l’international et 40% en circuit professionnel a été touchée de plein fouet par la crise sanitaire et ses répercussions économiques. Touchée, mais pas coulée… Car la capacité de rebond d’Eugène Perma est intacte. Immersion dans le quotidien d’une entreprise qui fait face à la crise, avec son Président Didier Martin. 1/2

1) Étiez-vous préparés à cette crise ?

Je dirais que finalement… on l’avait assez bien appréhendée. Bien sûr, on n’imaginait pas la violence et les conséquences sur notre vie quotidienne, comme les fermetures administratives et le confinement, mais nous avons quand même senti les choses dès janvier/février… Il faut dire que nous avons des clients en Corée du sud et à Singapour, ainsi que des distributeurs en Italie, du coup nous avons été assez vite « en première ligne », quoiqu’un peu indirecte au début.
Pour faire face à cet état de fait, nous avons généralisé les moyens de connexion externe (VPN) auprès de nos collaborateurs des services supports. Nous étions donc sûrs qu’en cas de difficultés, quelles qu’elles soient, nous puissions toujours et tous, être en état de marche.

2) Quelles ont été les conséquences directes des annonces gouvernementales ?

La première chose que nous avons voulu faire, c’est protéger nos collaborateurs. Emmanuel Macron a parlé le soir du 12 mars, dès le 13 nous avons réuni le Comex en urgence et pris des décisions pour restreindre le présentiel et relayer les gestes barrières.
Nous avons ensuite très vite été sollicités par le ministère de la santé et notre fédération professionnelle pour savoir si nos usines pouvaient produire des solutions hydro alcooliques et combattre ainsi la pénurie en la matière.
Nous nous sommes mis en ordre de bataille, j’y reviendrai, mais en tout cas, notre première production a été à destination de nos collaborateurs, où qu’ils se trouvent, pour qu’ils se protègent.
Dernière conséquence directe, majeure pour nous, les fermetures du jour au lendemain de nos distributeurs professionnels, salons de coiffure etc. Cela a signé l’arrêt de 40% de notre activité.

3) Quelles ont été vos décisions, ces 3 dernières semaines, pour maintenir au maximum la continuité sur le reste de vos activités ?

D’abord, d’un point de vue humain, nous entretenons des liens formels et informels avec toute l’équipe. Nous relayons les mesures gouvernementales, les consignes de prudence, abordons tous les sujets de fond qui nous concernent. Pour les collaborateurs qui continuent à produire dans nos usines, nous les encourageons, les soutenons beaucoup. Pour ceux qui sont en télétravail ou en chômage partiel, nous gardons le contact permanent pour conserver la mobilisation de chacun, maintenant et en sortie de crise.
Ensuite, notre Comex se réunit exceptionnellement chaque matin pour traiter de tous les sujets urgents pour le groupe, comme la trésorerie (préservation du cash, développement de CA incrémental…), et l’appairage constant entre les salariés et les besoins (décision des mesures de chômage partiel, de télétravail etc.).
D’une manière générale, on ressent un très fort engagement des équipes, un esprit d’entraide, de solidarité, très fort. On le voit d’ailleurs dans les chiffres d’absentéisme qui sont très faibles : nos collaborateurs sont mobilisés ! C’est là que nous mesurons la force d’une entreprise à taille humaine, avec un esprit de famille, et une moyenne d’ancienneté de 25 ans dans notre usine. Entre nous, on parle de « Maison Eugene Perma » et nous le vivons vraiment en ce moment.

4) Pouvez-vous nous parler de votre démarche de solidarité actuelle ? Comment cela s’est-il passé ? Quels sont vos résultats en la matière et qu’est-ce qui est prévu pour la suite ?

Nous avons reçu une demande dès le 13 mars du ministère de la santé, qui a sollicité les branches professionnelles pour produire des solutions hydro alcooliques. Dans l’heure, nous avons décidé que nous allions le faire et avons appelé notre directrice de la R &D, ainsi que la directrice de notre usine.
Deux questions se posaient en effet… La première, a-t-on les formules pour fabriquer de tels produits ? La réponse a été positive. La seconde, peut-on faire ça en usine ? La réponse a été positive également.
Quatre jours plus tard, nous avons sorti notre première ligne de flacons. Nous atteindrons le million d’unités avant la fin du mois.

Nous livrons ces flacons aux établissements de santé, qu’ils soient hôpitaux, Ehpad, cliniques. Mais aussi aux officines, aux associations via Dons solidaires et l’Armée du Salut, ainsi qu’à nos partenaires locaux. Nous sommes aussi sollicités par les enseignes de la grande distribution pour leurs salariés.
Notre logique est simple concernant les tarifs : nous les offrons aux associations. Pour les établissements de santé, on couvre uniquement nos frais de production marginaux. Pour les grandes enseignes, nous pratiquons des prix plus intéressants que ceux fixés par décret. Vis-à-vis des officines qui les revendent, nous respectons les tarifs règlementaires.

Nous sommes très heureux de cette initiative et nos collaborateurs en ressentent une grande fierté. Se sentir utile à quelque chose, à quelqu’un, en ce moment c’est très important et cela marquera aussi durablement nos esprits.

Pour la suite, tant que le décret nous l’autorisera et que la demande sera là, nous continuerons à produire ces solutions.

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